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pas nouveau dans l’Inde et nul n’y eut attribué plus d’importance qu’il ne convenait.

Prendre parti dans la querelle comportait plus d’aléas. Si nous venions en aide à Muzaffer j. et à Chanda S., et qu’avec notre concours ils remportassent la victoire, il est vraisemblable qu’ils nous en récompenseraient par des concessions importantes, fort utiles à la Compagnie, mais qu’ils provoqueraient la jalousie des Anglais et sans doute d’inquiétantes complications. Il y avait toutefois plus de chances pour que Muzaffer j. et Chanda S., moins bien outillés que leurs adversaires, fussent écrasés et que, dans ce cas, nous dussions payer cher notre intervention. La raison nous conseillait l’abstention. Le génie familier de Dupleix l’invita au contraire à tenter la fortune. C’était le moment où les préliminaires de paix venant d’être connus, les Français comme les Anglais, en attendant le départ de leurs troupes européennes, se demandaient ce qu’ils feraient de leurs forces indigènes.

Dupleix songeait pour son compte à licencier ses cipayes, lorsque dans les derniers jours de février 1749, le fils de Chanda S., nommé Raza Sahib, qui habitait Pondichéry, vint au nom de son père le prier de lui céder tout ce qu’il avait de troupes au service de la Compagnie. Dupleix ne crut pas devoir décliner la proposition, où il voyait le couronnement de tous les efforts qu’il avait faits pour contribuer à la mise en liberté de Chanda S. Il jugea au contraire que « cela procurerait à la Compagnie une porte honorable pour congédier et se défaire de toutes ses troupes » et un moyen sûr de recueillir pour elle le fruit de toutes ses peines et de ses propres travaux. Il fut donc entendu, dès les premiers jours de mars, que Chanda S. prendrait nos cipayes à son compte,