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nement et n’avait que très peu de fonds. C’étaient de mauvaises conditions pour triompher.

C’est dans ces circonstances qu’il se rencontra avec Chanda S. Tous deux se reconnurent ou se donnèrent respectivement des droits sur le Décan ou le Carnatic. Bien que Chanda S. eut moins de troupes encore que son allié, il était réputé dans toute l’Inde du sud comme un excellent chef et son nom seul était une force. Muzaffer j. paya sa petite armée.

Nazer j. ne jouissait pas de grandes sympathies dans le Décan. Muzaffer j. et Chanda S. hésitèrent cependant à l’y attaquer avant d’avoir remporté ailleurs des succès dont l’écho put produire à Haïderabad une impression favorable à leur cause. Ils résolurent en conséquence d’envahir le Carnatic, où régnait le vieil Anaverdi k., assisté de deux de ses fils, Mafous k. et Mahamet Ali.

C’est alors que se posa nettement devant Dupleix le problème politique qu’il avait entrevu dès 1745, lorsqu’il songeait déjà à faire mettre en liberté Chanda S., pour s’en faire un auxiliaire éventuel. À cette époque déjà lointaine, il ne pouvait prévoir que la question du Carnatic et celle du Décan dussent se poser un jour d’une façon si brutale et si impérieuse ; il ne pouvait surtout soupçonner qu’elles se poseraient en même temps et que leur sort serait intimement lié.

Ne pas intervenir était une solution et si la Compagnie eût été consultée, nul doute qu’elle ne l’eût expressément recommandée et il est à peu près certain que si nous avions pris cette attitude, les Anglais en auraient fait autant. Sans autres inconvénients qu’un arrêt momentané du commerce, le Décan et le Carnatic se seraient déchirés et consumés dans des luttes intestines, qui peut-être eussent été rapidement réglées. Le spectacle n’était