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d’ordinaire moyennant une forte somme d’argent ; si elle tardait à venir, on ne se faisait aucun scrupule d’imiter le sceau et jusqu’à la signature de l’Empereur ; pourvu que le nabab ainsi consacré payât à peu près régulièrement le cazena qu’il devait à l’Empire, on ne se souciait guère d’examiner de près ses titres ni ses droits. En réalité le seul droit, c’était l’habileté ou la force : l’habileté était préférable.

On ne sait pas exactement ce qui se passa à la mort de Nizam oul Moulk. On prétend qu’il avait laissé un testament par lequel il transmettait tous ses droits à Muzaffer j., alors gouverneur d’Adony. On sait d’autre part qu’il avait eu quelque raison de se plaindre de Nazer j., qui, pressé de recueillir son héritage, s’était un instant soulevé contre lui. Les raisons les plus plausibles étaient en faveur de Muzaffer j., mais dans l’Inde rien ne vaut la possession d’état. Au moment de la mort de Nizam, Gaziuddin qui, avant Nazer j., aurait pu prétendre à la nababie, se trouvait auprès du Mogol à Delhi, où il commandait l’artillerie impériale. Nazer j. tenait au contraire depuis quelque temps tous les accès du pouvoir à Haïderabad par le commandement général des troupes. Il en profita, à la mort de son père, pour mettre également la main sur ses trésors et ainsi Muzaffer j., quoiqu’il eut tous les droits, ne se trouva pas avoir assez d’hommes ni d’argent pour les faire valoir.

Nazer j. se proclama donc soubab, par le désistement, dit-il, de son frère Gaziuddin qui préférait son commandement à Delhi au gouvernement du Décan, et il produisit un firman du Mogol conforme à ses prétentions. Muzaffer j. en produisit un autre non moins véridique et se réclamant de la même autorité. Seulement Muzaffer j. ne disposait que de 25.000 hommes, tirés de son gouver-