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en liberté comme protégé des Marates, mais ne disposant que de 300 hommes, il s’en alla offrir ses services au rajah de Chitterdrong, en guerre contre le roi de Canara. Il fut assez heureux pour remporter un succès éclatant, à la suite duquel les vainqueurs et les vaincus mirent respectivement à sa disposition les uns 3.000 hommes et les autres environ 2.500.

Avec ces seules forces, Chanda S. ne pouvait songer à conquérir le Carnatic. Fort heureusement pour lui, un autre prince, plus puissant et plus riche, cherchait dans le même temps à devenir ou à rester maître du Décan ; ils associèrent leurs destinées.

Ce prince n’était autre que le propre petit fils de Nizam : Idayet Mohi uddin k., plus connu sous le nom de Muzaffer j. Lorsque le vieux souverain du Décan mourut presque centenaire au mois de juin 1748, il laissait d’une première femme, nièce du grand Mogol Mahamet Cha, une fille qui avait été mariée à un noble patane, mansebdar de l’Empereur. De ce mariage était né Muzaffer j. D’un autre mariage avec la fille d’un haut dignitaire du Bérar, Nizam avait eu deux fils : Gaziuddin k. et Nazer j. Enfin d’autres femmes il avait eu encore trois fils, Salabet j., Bassalet j. et Nizam Ali.

À qui revenait la succession ? Théoriquement et légalement, le Grand Mogol avait seul le droit d’en disposer : toutes les fonctions de l’Empire étant viagères ou révocables à merci ; mais en fait, depuis la mort d’Aureng Zeb, en 1707, et par suite de la faiblesse croissante du pouvoir central, chaque nabab ou rajah avait pris l’habitude de se considérer comme ayant la faculté de disposer lui-même de ses États. L’investiture du Mogol, qui continuait cependant d’être requise par les héritiers, n’intervenait plus que pour consacrer le fait accompli. On l’obtenait