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tant que régna la descendance directe de Dost-Ali[1], Dupleix ne fit rien pour obtenir sa liberté ; peut-être craignait-il de créer des embarras au souverain légitime. Mais quand Anaverdi k. fut devenu nabab, contre le sentiment manifeste de la population du Carnatic, ne convenait-il pas de profiter de ces dispositions d’esprit pour préparer une révolution ?

Chanda S. n’avait malheureusement ni argent ni crédit pour payer sa rançon. À la suite de négociations restées mystérieuses, Dupleix se fit autoriser par le Conseil supérieur à lui prêter 240.000 rs. des deniers de la Compagnie. La délibération, qui remonte au 12 avril 1745, fut tenue secrète et ne fut portée que longtemps après à la connaissance de la métropole. Dupleix avait évidemment peur, s’il ébruitait ses projets, que la Compagnie ne les désapprouvât. Il se borna à lui écrire le 26 octobre suivant qu’il prévoyait une nouvelle invasion des Marates, qui viendraient, dit-on, pour rétablir Chanda S. ; il n’ajoutait point qu’il dût être leur complice.

Les Marates, avec qui nous entretenions de bonnes relations depuis qu’en 1740 et 1741, le gouverneur Dumas avait résisté à leurs exigences, remirent Chanda S. en liberté, au début de 1748 ; mais ce ne furent point eux qui l’aidèrent à reconquérir la nababie. Les événements en disposèrent autrement.

Après sa libération qui coûta 700.000 rs., Chanda S. s’en alla guerroyer sur les frontières occidentales du Carnatic dans l’espérance d’y trouver des partisans et de l’argent. Deux petits rajahs s’y faisaient la guerre ; il prit parti pour l’un d’eux et fut, dit-on, fait prisonnier au cours d’un combat. Remis presque aussitôt

  1. Sabder Ali, 1740-1743 ; Seyed Mohamed, 1743-1744.