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à Pondichéry avec déplaisir. Ce fut en vain qu’au mois d’août 1745, Anaverdi k. vint rendre visite à Dupleix ; celui-ci savait que les sympathies de son hôte étaient en réalité acquises aux Anglais, et les événements prouvèrent qu’il ne se trompait pas. Au moment du siège de Madras, Anaverdi k. envoya contre nous une armée, et au cours du siège de Pondichéry, ses forces s’unirent un moment à celles des Anglais. La fin des hostilités ne rétablit pas la confiance entre les adversaires de la veille. Dupleix qui venait d’apprendre par cinq ans de guerre combien les Anglais sont des ennemis tenaces, devait naturellement envisager avec une certaine crainte le voisinage de leurs amis ; ceux-ci entouraient notre petit territoire du côté des terres et, en cas d’hostilités nouvelles, ils pouvaient nous couper les vivres et nous réduire à la famine.

C’étaient d’assez sombres perspectives pour que Dupleix désirât la chute de la nouvelle dynastie ; le fait n’était nullement impossible dans un pays où les révolutions étaient permanentes ; mais comment le provoquer ? Dupleix y mit une prudence consommée.

Il restait un survivant de la famille de Dost-Ali : le fameux Chanda Sahib, gendre du nabab tué en 1740 à Canamé en défendant son pays contre les Marates. Chanda S., après avoir conquis en 1736 le royaume de Trichinopoly et de Maduré, où il vécut dans une réelle indépendance pendant cinq ans, avait fini par succomber sous les coups des Marates et depuis le mois d’avril 1741, il était leur prisonnier à Sattara. Ce fut à lui que songea Dupleix pour renverser Anaverdi k.

Chanda S. avait donné de nombreuses preuves d’attachement à la Compagnie ; sa femme et ses enfants vivaient à Pondichéry sous notre protection. Cependant,