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l’Angleterre avait amené dans l’Inde des forces relativement considérables. Si la paix eut suivi de près les préliminaires qui furent signés le 30 avril, il est probable que les bateaux des deux Compagnies qui partirent à cette époque d’Europe, auraient rapatrié ces troupes devenues disponibles mais il s’écoula près de six mois entre les deux événements et lorsque les navires arrivèrent dans l’Inde, à la fin de 1748, ni Dupleix à Pondichéry ni l’amiral Boscawen à Fort St-David ne purent songer un instant à se séparer de forces, dont ils pouvaient encore avoir besoin, si par hasard la paix ne se concluait pas.

Cette sorte d’attente, imposée par les circonstances, devait avoir les plus sérieuses conséquences. C’est pendant ce temps que sous l’aveugle pression de la destinée se conçut, se prépara et commença de s’exécuter la politique coloniale, qui depuis n’a cessé de régir Le monde.

Que faire de troupes nombreuses, dépaysées, momentanément inutiles et souvent indisciplinées ? Leur entretien était onéreux et, avec la Lenteur des négociations en Europe, la charge risquait de se prolonger, sans compensations équivalentes. Il n’y avait qu’un moyen d’alléger le fardeau, c’était que pour un motif quelconque des princes de l’Inde les prissent à leur service. Or le hasard voulut qu’à ce moment précis les ambitions les plus contraires s’agitassent pour la possession du Carnatic et du Décan.

Dans le Carnatic, la famille en ligne directe du nabab Dost-Ali k. avait été anéantie en 1744 par le meurtre du jeune Seyed Mohamed et, à la suite de ce meurtre, Nizam avait nommé nabab le vieil Anaverdi k., un de ses protégés. La famille de Dost-Ali nous avait toujours été favorable ; aussi l’avènement du nouveau nabab fut-il accueilli