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surent tenir leurs soldats en main et les conduire à la bataille avec méthode et docilité. Ils furent dans le Carnatic ce que Bussy fut pour nous dans le Décan ; malheureusement c’est le Carnatic qui décida du sort de la politique de Dupleix.

Nous ne nous attarderons pas à examiner ce qui fût advenu si la Compagnie de France avait envoyé de l’argent à Dupleix et eût doublé ses renforts ; il est évident qu’il eût triomphé. Mais, pour la justesse de ce calcul, il faudrait admettre que l’Angleterre n’eût pas fait l’effort correspondant ; or on sait qu’en 1754, lorsque Godeheu partit pour l’Inde avec 4 vaisseaux et 1.600 hommes, elle envoya deux mois après 6 vaisseaux, 306 canons et 2.060 hommes. Ce n’est pas à notre avantage que l’équilibre fut rétabli[1].

C’est à d’autres facteurs qu’il faut demander les véritables causes de l’échec de Dupleix. Nous les trouverons dans le récit de ses différentes opérations diplomatiques ou militaires, puis nous ferons appel à ses propres déclarations et à l’opinion de ses contemporains.


  1. Dans une lettre du 5 octobre 1750, adressée au Comité secret de l’Inde, Duval de Leyrit, successeur de Godeheu, évaluait les troupes anglaises alors en service dans le Carnatic à 2.200 européens et 8 à 10.000 cipayes, et les troupes françaises à 2.566 européens et 3.000 cipayes. Les forces des deux partis étaient donc sensiblement équivalentes (B. N., n. acq. 9161, p. 62).