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ses ordres, des comptables dits écrivains entraient dans tous les détails. Pendant le mois d’octobre 1751, l’arombatté de Trichinopoly paya 32.588 rs. Dupleix estimait que c’était une somme considérable, équivalente à celle de quatre mois en moyenne. Bien que cette moyenne — 8 à 10.000 rs. — ne représentât pas un gros chiffre, elle permettait quand même à l’arombatté ou à ses agents de forcer les comptes à leur avantage ; l’avance formidable du mois d’octobre 1751 en est une preuve suffisante. Aussi les plaintes contre eux étaient-elles incessantes. Mais comment se passer de leur concours ? Un intendant européen, chargé de tous les détails de l’armée, n’aurait jamais trouvé avec autant de facilité les concours indigènes qui lui étaient nécessaires, tant pour se procurer des vivres, que pour réquisitionner des bœufs et pour les ravitaillements de toute sorte, et tout compte fait il eut dépensé beaucoup plus. Il est des vols qui sont des économies.

Au Décan, le pourvoyeur général de l’armée se nommait un mody. Dans le vaste domaine où Bussy dut parfois opérer, depuis Mazulipatam jusqu’à Aurengabad, son activité et son importance étaient beaucoup plus grandes que celles de l’arombatté du Carnatic. Souvent il se trouva en mesure de faire des avances ou des prêts à Bussy qui était à court d’argent. Mais c’étaient surtout des banquiers, les saucars, qui faisaient ces prêts ; en 1753, Bussy dut leur emprunter 300.000 rs. en sept mois. Il empruntait encore aux marchands et aux zemidars, grands propriétaires du pays ; le 6 août 1754, il leur devait 300.000 rs. et ses autres emprunts s’élevaient à la même date à 486.225 rs. (B. N. 9158, p. 222-223).

Le paiement et l’entretien d’une armée étaient donc chose beaucoup plus compliquée et plus difficile qu’il ne