Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cesse renaissantes qu’il éprouvait pour s’en procurer. C’est le leitmotive de toutes ses lettres aux commandants de ses troupes. Jamais débiteur poursuivi par ses créanciers ne se trouva dans des situations aussi angoissantes.

On retenait aux cipayes 6 rs. par compagnie et par mois pour l’entretien de leurs armes. Quant à la nourriture, c’était à eux à se la procurer comme ils l’entendaient avec leur solde, en achetant leurs vivres au bazar. Dupleix n’était engagé qu’à nourrir les blancs, les cafres et les topas. Le riz, qui était leur aliment habituel, leur était vendu deux fanons la mesure. Sur une solde de 9 à 10 roupies, les cipayes en dépensaient ainsi à peu près la moitié. Ils s’habillaient aussi à leur compte ; c’est dire qu’ils étaient presque toujours en guenilles. On avait dû renoncer à leur imposer un uniforme. On ne leur fournissait pas non plus de tentes ; mais en 1753 on se mit sur le pied de leur en donner, ce qui augmenta considérablement les dépenses.

En dehors des cipayes à pied, il y avait aussi des cipayes à cheval. Dupleix jugea d’abord inutile tout emploi d’une cavalerie indigène ; il estimait qu’elle ne servirait qu’à razzier le pays pour son compte au grand détriment de la disciplinent de notre bonne renommée. La nécessité de harceler l’ennemi et de le poursuivre en cas de défaite le décidèrent cependant à modifier ses vues, et quand il reprit ses projets contre Trichinopoly, il engagea le fameux chef marate Morarao, à raison de 125.000 rs. par mois, moyennant quoi il devrait entretenir 4.000 cavaliers. En fait il n’en eut jamais plus de 3.000. Ce fut en vain que Dupleix essaya de les soumettre au contrôle des revues, qui lui eût permis de constater les manquants ; Morarao était un trop haut et trop puissant seigneur pour qu’on osât le traiter comme un simple