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Suivant un usage pratiqué en France avec les passevolants, les capitaines, à qui la solde de leur compagnie était remise, s’arrangeaient de façon à n’avoir jamais leurs effectifs au complet, afin de pouvoir bénéficier de la différence. Pour remédier à ces vols, Dupleix exigea que le commandant même de l’armée ou à son défaut le major fît chaque mois la revue des cipayes et les comptât un à un. Il voulut aussi que toutes les compagnies fussent inspectées ensemble, pour les empêcher de se prêter leurs hommes. Il ne semble pas que ces prescriptions très sages aient été toujours rigoureusement observées ; car Dupleix revenait sans cesse en ses lettres sur la nécessité de ce contrôle.

Le chef des cipayes de Trichinopoly disait en novembre 1751 que 100.000 rs. par mois ne suffisaient pas pour leur solde. Si l’on voulait déterminer leur effectif d’après ce chiffre, on arriverait à 10.000 hommes en ne tenant compte que des sergents, caporaux et soldats et à 8.570 seulement en y comprenant les capitaines et alfères, dont la solde était environ le septième du total. Il nous est impossible de contrôler l’un ou l’autre de ces chiffres ; mais, quel qu’il soit, Dupleix nous dit que la somme de 100.000 rs. était fort exagérée. Le chef des cipayes, mis en demeure de la justifier, eût peut-être été fort embarrassé. En réduisant à 5.500 le chiffre des cipayes du Carnatic, on serait plus près de la vérité et ce chiffre diminua encore en 1752, lorsque nous engageâmes plusieurs milliers de cavaliers. Au Décan, le 2 décembre 1753, 5, 700 cipayes coûtaient 110.915 rs.

Les cipayes étaient placés sous les ordres d’un chef unique qui un moment fut Chek Assent au Carnatic et Ibrahim kh. dans le Décan. Chaque capitaine de compagnie lui était subordonné. Dans l’intérêt d’une coor-