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un livre de psychologie, nous préférons laisser la parole à Dupleix qui, ne tenant compte que des faits, va nous dire lui-même comment il appréciait les Indiens dans leur ensemble et comment il estimait qu’il fallût se comporter avec eux. Il va sans dire que dans ses jugements Dupleix s’adresse moins au peuple auquel il n’eut jamais affaire, qu’à ses dirigeants qui, comme dans la plupart des pays du monde, représentent généralement la partie la moins désintéressée et la moins consciencieuse de la population. Nous procéderons uniquement par citations :

« L’honneur n’est jamais le guide qui fait agir les Orientaux. » (D. à Bussy, 10 juin 1754).

« Ces gens-là, comme tous les Asiatiques, ne pensent qu’au jour la journée et ne prévoyent rien de l’avenir ; à peine s’occupent-ils du moment présent. » (D. à Mainville et Durocher, 12 et 21 mai 1754).

« Rien de plus fourbe que toutes ces nations asiatiques ; plus vous les pratiquerez et plus vous en connaîtrez tout le mauvais. » (D. à Bussy, 8 mars 1752).

« Que de fourberies dans la tête de tous ces gens-là et que l’on est malheureux d’être là avec de tels gens. » (D. à Mainville. 23 avril 1754).

« Persuadez-vous une fois pour toutes que tout ce qui est noir est fripon ; il n’y a que du plus ou moins. » (D. à Maissin, 6 août 1753).

« Tous ces gens-là (les comptables et les intendants) tremblent lorsqu’on les appelle ; leur conscience a toujours des reproches à leur faire. » (D. à Durocher, 28 mai 1754).

Les ministres de Nandi Raja « raisonnent suivant qu’ils sont plus ou moins pressés par l’argent. Cela fait une mauvaise race. » (D. à Mainville, 12 mai 1754).

« Viziam Raja (fermier de Chicacol) est indien et gentil : deux titres qui ont toujours à leur suite la fourberie et le mensonge. » (D. à Moracin, 9 mars 1754).