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attention mais non de les garder. » (A. V. 3747, f° 44).

Les Anglais n’agissaient pas différemment et c’était leur nabab, Mahamet Ali, qui avait le soin de tenir nos prisonniers en un lieu de sûreté. Inutile d’ajouter que faute d’une surveillance étroite les évasions étaient assez fréquentes de part et d’autre. Pour les empêcher autant que possible, les prisonniers étaient mis aux fers.


Les cipayes. — Malgré leur nombre relativement peu élevé — 2.000 à 2.200 dans le Carnatic et le Décan — et en dépit de leur insuffisance professionnelle, les troupes européennes n’en constituaient pas moins la force principale de notre armée ; au contact de l’ennemi et des Indiens, elles retrouvaient quand même un certain esprit national, qui maintenait leur cohésion et assurait un minimum de discipline. Les cipayes et les cavaliers indigènes qui les appuyaient, quoique supérieurs en effectifs, ne leur apportaient guère d’autre concours que celui d’une masse dont l’aspect fait impression plutôt qu’elle n’offre effectivement de la consistance.

Les cipayes participaient des qualités comme des défauts de la race indoue. Si, dans les relations courantes de la vie, on est séduit et charmé par la douceur du langage de cette race, la souplesse de son caractère, la facilité de ses promesses, l’agrément de ses démonstrations et souvent par la délicatesse inexprimable de ses procédés, tout s’évanouit lorsqu’il s’agit de mettre ces qualités à l’épreuve. Le caractère de l’homme dépend du climat bien plus que de l’éducation ; or le climat de l’Inde du Sud, parfois très chaud mais le plus souvent tempéré, est doux et amollissant et ne prédispose pas aux grandes énergies ni aux fidélités tenaces. Comme nous n’écrivons pas ici