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bons chefs pour conduire l’action, nul ne songe à jouer sa vie ou sa liberté dans une aventure.


Les prisonniers. — Ce mot de liberté nous amène à parler des prisonniers, tant officiers que soldats.

Une des singularités de cette guerre fut que tout en combattant les uns contre les autres, les Anglais et les Français étaient officiellement en paix. Suivant la formule adoptée, ils se battaient comme auxiliaires pour leurs alliés indiens et non comme partie principale. C’est pourquoi ils évitèrent soigneusement de porter les hostilités sur leurs territoires respectifs. Mais sur le domaine de leurs adversaires indiens, tout était permis, autant que les lois de la guerre peuvent tout permettre ; on pouvait se battre, tuer, piller et faire des prisonniers. Pour ceux-ci, nulle difficulté s’ils étaient pris par des adversaires européens ; au nom de la fiction de la paix entre les deux nations, on les remettait en général en liberté, du moins les officiers, sur la parole donnée par eux qu’ils ne serviraient plus pendant la durée des hostilités. Aucune difficulté non plus si quelqu’un des nôtres était pris par des Indiens ; par des négociations directes assez rares avec le nabab ou le général indigène, on pouvait obtenir leur élargissement. Mais s’il s’agissait d’un échange d’officiers français contre des officiers anglais tombés aux mains de nos alliés, en l’occurrence Chanda S., Dupleix, restant sur le terrain juridique de la paix entre Européens, se refusait absolument à les échanger. Ce n’étaient pas nos affaires. C’est ainsi que deux de nos officiers pris à Arcate restèrent prisonniers des Anglais, bien que ceux-ci acceptassent de les échanger contre deux des leurs tombés aux mains de Chanda S.

Les prisonniers étaient en principe nourris par l’en-