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ce qui portait l’entretien général d’une compagnie à 5.142 rs. par mois ou 61.724 rs. par an[1].

Il s’en fallait que tous ces chiffres fussent constants ; tantôt les compagnies avaient plus de 120 hommes ; quelquefois, mais plus rarement, elles en avaient moins. La solde des soldats variait peu ; quant à celle des officiers, elle pouvait aller et elle alla jusqu’à 600 rs. par mois pour les capitaines, 375 pour les lieutenants, 300 pour les sous-lieutenants et 260 pour les enseignes. Le commandant en chef de l’armée du Carnatic était payé 800 et même 1000 rs. par mois (B. N. n. acq. 9156, p. 168).

Si l’on considère quel était alors le coût de la vie, c’étaient des soldes assez élevées ; aussi les réclamations étaient-elles rares. Lorsque cependant il se produisait des clabaudages bien ou mal fondés, Dupleix préférait faire quelques largesses adroitement voilées plutôt que d’entretenir un mécontentement qui eut préjudicié au succès de ses opérations. Il suggérait aux commandants des troupes de faire ces largesses comme pour leur compte, sans découvrir la main qui les distribuait effectivement.

Une fois versés dans leurs compagnies, les soldats reprenaient leur instruction commencée à bord. Tâche pénible et ingrate ! On ne nous a envoyé que des enfants, des décrotteurs ou des bandits, disait Dupleix ; c’est le ramassis de la plus vile canaille. « La Compagnie, écrivait-il au directeur Michel le 20 janvier 1753, est furieusement trompée sur cet article ou peut-être veut-elle l’être par ceux qu’elle charge de cette opération, qui ne songent qu’à profiter de l’occasion. » (A. V. 3749, f° 50).

  1. Les capitaines anglais recevaient une solde de 15 rs. par jour ; les officiers subalternes 10.