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l’on ait donnée parmi nous aux officiers majors est la canne ; elle ne s’accorde point avec la façon de penser du français… Il n’est n’est guère gracieux de voir déserter tant de monde à la fois et que l’on puisse soupçonner que c’est la faute des officiers. » (B. N. 9156, p. 111).

Ces réflexions si sages avaient dû tomber dans une oreille inattentive ou prévenue ; car Dupleix les renouvela moins de deux mois plus tard en des termes presque identiques :

« Si, écrivit-il encore à Maissin, la désertion de 14 hommes est effective, je crois pouvoir l’attribuer aux reproches continuels accompagnés d’injures qu’on leur fait à tous moments. Je pense que la prudence aurait dû engager à les cesser et ce n’est sûrement pas le moyen de ranimer le courage. Ce sont des hommes qui se fatiguent à la fin de se voir si fréquemment méprisés et injuriés et qui vont chercher ailleurs à l’être moins. Il y a d’autres moyens de faire sentir le tort, mais il ne faut pas aussi le rappeler à tout moment. » (B. N. 9156, p. 137-138).

Mais tout en faisant ces concessions à l’humanité, Dupleix n’entendait pas en faire à la discipline. Les déserteurs trouvaient en lui un juge bienveillant s’ils revenaient dans nos rangs avant d’avoir combattu ; il était alors disposé à leur accorder une grâce entière et sans réserve. Si au contraire ils étaient pris les armes à la main, la justice suivait son cours et quelle justice ! Pendre d’abord, juger ensuite ; un procès-verbal d’exécution suffisait. Si plusieurs déserteurs étaient pris à la fois, on en pendait la moitié, d’après un tirage au sort ; les autres étaient renvoyés en France pour être galériens.


Revenons à nos soldats de France. Ils viennent de quitter le pays natal avec une avance de quatre mois de