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Bretagne, où se trouvait le port d’embarquement de Lorient, fournissait les plus forts contingents.

On recrutait encore dans les prisons de Paris, au Châtelet, au Fort-l’Évêque, mais surtout à Bicêtre. Les détenus de Bicêtre étaient de deux sortes : ceux envoyés par leur famille pour quelque faute vénielle et les autres ramassés par la police pour des fautes plus graves[1], dont voici quelques-unes :

très mauvais sujet qui a attenté plusieurs fois à la vie de ses père et mère,

voleur de mouchoirs à la foire St-Germain,

trouvé saisi de deux nappes volées,

trouvé saisi d’une somme de 1176 liv. faisant partie de 1200 liv. volées au maître de poste,

voleur de légumes dans les marais,

rôdeur de nuit dans Paris,

très mauvais sujet ; à conduire en sûreté. Il a attenté à la vie de son oncle qui est maître chirurgien,

ivrogne, libertin, chassé de plusieurs maisons, vit avec une prostituée, chassé pour vol de différentes villes, court les jeux et les mauvais lieux, a fait plusieurs vols,

mendiant, rôdeur dans les campagnes. (Ce cas est le plus fréquent).

Tous les détenus de Bicêtre pouvaient indistinctement être engagés ; mais outre leur consentement personnel, il fallait encore l’autorisation de leur famille et, si c’était un homme marié, celui de sa femme. Plusieurs parents consentaient aussi sans regret apparent au départ de leur fils ; sur certains états nominatifs de détenus, on trouve cette mention : « Sa famille demande qu’il parte ». Par contre un

  1. Le 1er janvier 1746, il y avait à Bicêtre 281 détenus par sentence ou ordre de police. Les plus anciens y étaient depuis le 22 mars 1743.