Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le voisinage de Pondichéry, où quelques-uns se marièrent, exerçait sur eux une fascination naturelle ; sous le moindre prétexte, ils y revenaient passer quelques jours, en dépit de tous les ordres contraires. Ces allées et venues ne plaisaient pas à Dupleix, qui n’osait pas cependant les interdire d’une façon absolue. « Ils ne viennent ici la plupart que pour nous faire voir leur habit neuf d’ordonnance ; l’exactitude au service vaut mieux que cette montre ridicule », écrivait-il à Brenier.

À part ces défauts inhérents à la nature humaine, nos officiers étaient généralement probes et honnêtes. S’ils ne négligeaient pas d’accroître certains avantages de leur profession, en essayant de mettre au compte de l’armée des dépenses qui leur étaient personnelles : nourriture de leurs chevaux, transport de leurs tentes et bagages, etc., ce furent de tout temps des pratiques assez courantes ; mais il ne paraît pas qu’ils aient profité de leur situation pour se livrer aux moindres prévarications. On ne cite qu’un officier du nom de Dzierzanowsky, polonais d’origine, qui ait fait un trafic de caïtoques, de poudres, de balles et de salpêtre. Un autre capitaine, du nom de Roche, tua un jour un officier cipaye de Morarao. Dupleix l’abandonna à la justice du Marate, estimant qu’il méritait la mort et que nous n’avions aucun intérêt à couvrir le moindre crime.


Les soldats. — Les soldats destinés à l’Inde étaient en principe recrutés par engagements volontaires, mais en réalité par le procédé en usage à cette époque, celui de la « presse ». Des racoleurs attitrés parcouraient la France pour enrôler des hommes de bonne volonté, qui ne donnaient généralement leur signature que sous l’effet d’une griserie morale ou d’un enivrement effectif. La