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furent pas également malheureux ; au début, quelques-uns remportèrent même des succès qu’on honora à Pondichéry d’un Te deum. C’était trop escompter l’avenir ; sauf à Gingy, qui se maintint par la propre masse de ses montagnes et de ses fortifications, tous finirent par perdre les places qu’ils étaient chargés de défendre. La dispersion de nos forces non moins que l’incapacité de quelques chefs en fut la principale cause.

Il eût été surprenant qu’il en fût autrement. Les officiers qui servaient dans l’Inde y venaient en général pour restaurer leur fortune ou pour la commencer ; les nombreuses lettres de recommandation écrites à Dupleix par les plus grands seigneurs du royaume et par les ministres eux-mêmes en sont une preuve irrécusable. Celui-ci, qui ne dédaignait pas non plus d’avoir des protecteurs en France, ne négligeait rien pour leur donner satisfaction et les mieux recommandés étaient naturellement les mieux nantis. Dupleix les envoyait alors au Bengale, où les soldes étaient doubles, ou bien à l’armée de Golconde, où il y avait plus de chances de faire des affaires qu’à celle du Carnatic. Mais c’étaient à peu près les seules recommandations qu’il leur accordât : il s’en tenait rigoureusement aux règlements pour les avancements en grade et ne comprenait pas alors le favoritisme. Et c’était précisément ce que les officiers réclamaient de lui avec le plus d’insistance.

Il s’en fallait pourtant que leurs prétentions fussent toutes justifiées. Dupleix était obligé de reconnaître dans une lettre au ministre Machault du 16 octobre 1753 qu’il y avait peu ou même point du tout d’officiers qui fussent en état de commander : la bravoure ne leur manquait pas, mais les talents n’y répondaient pas. La plupart de ceux qui arrivèrent en 1752 étaient des enfants, sans la