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Mgr Bennetat, après avoir été aux Îles pour ramener l’interprète, vint à Pondichéry et obtint aisément de Dupleix qu’il intervint auprès des autorités de la Cochinchine. Dupleix renvoya l’évêque avec une lettre et des présents destinés au roi (1752) et fut assez heureux pour obtenir le rétablissement de la mission.

La lettre au roi était ainsi conçue :

Sire,

Il y a trois ans qu’un vaisseau français vint mouiller dans un des ports de Votre Majesté ; il vous portait une lettre et des présents de la part du roi de France, mon maître, qui souhaitait lier avec vous une étroite amitié, et établir entre son royaume et le vôtre l’union la plus parfaite.

Votre Majesté paraissait disposée à seconder ses désirs et le traité eût été sans doute heureusement conclu, si le sieur Le Poivre se fût mieux acquitté de sa commission et n’eût point enlevé celui de vos sujets qui lui avait servi d’interprète.

Je n’entre point dans les différents mécontentements qu’il prétend avoir reçus de Tou-Khang et qui, selon lui, l’ont comme forcé à en venir à cette extrémité.

Quoi qu’il en soit, je suis d’autant plus mortifié qu’il ait tenu une conduite si peu conforme aux intentions de notre monarque qu’en irritant Votre Majesté contre nous, il a été cause aussi que ceux qu’elle avait toujours traités jusqu’alors avec tant de bonté, ont eu le malheur d’encourir sa disgrâce et d’être honteusement chassés de son royaume.

J’aurais souhaité qu’il eût été en mon pouvoir de réparer la faute qu’il avait faite, aussitôt que la triste nouvelle m’en fût donnée, mais l’éloignement de Tou-Khang mettait encore un obstacle à mes désirs. Maintenant qu’il est ici, avec un évêque qui s’est donné la peine de l’aller chercher lui-même aux Îles et qui veut bien se charger de le conduire à Votre Majesté, je craindrais de l’indisposer davantage contre nous, si je différais plus longtemps de le lui renvoyer.