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L’Indochine actuelle, encore peu connue, n’avait pas été, elle aussi, sans solliciter l’attention de Dupleix ; sans être belliqueuses ou conquérantes, ses visées ou ses intentions sur ce pays pouvaient cependant un jour ou l’autre nous conduire à la guerre.

Là, en dehors du Siam, se trouvaient trois états distincts : le Cambodge, le Tonkin et la Cochinchine englobant l’Annam actuel. Dupleix ne chercha point à entrer en relations avec le Siam, où le souvenir de l’échec des négociations de Louis XIV et de Phra-Naraï était encore cuisant ; il ne songea pas davantage au Cambodge, qui n’avait pas de bons ports pour le commerce, mais il s’intéressa à la Cochinchine. Non sans doute qu’il eut sur ce pays des arrière-pensées de conquête, mais il y avait là des missions anciennement établies qui pouvaient dans l’avenir nous être d’une grande utilité. Il serait d’ailleurs difficile de déterminer si Dupleix, en voulant les favoriser, obéit à des préoccupations plus religieuses que politiques ou économiques.

L’évêque de Cochinchine était Mgr Lefebvre[1] avec Mgr Bennetat, évêque d’Eucarpie comme coadjuteur[2]. Nos affaires étaient fort mal en point, depuis l’enlèvement d’un interprète du roi par Poivre, venu dans le pays en 1749 pour y amorcer un mouvement commercial avec l’Île de France ; par représailles, le roi avait expulsé ou plutôt déporté 27 prêtres de la mission (1750).

  1. Mgr Armand François Lefebvre était né à Calais le 21 décembre 1709. Arrivé au Siam en 1737, il fut nommé vicaire apostolique de Cochinchine le 6 octobre 1741 et mourut au Cambodge le 27 mai 1760.
  2. Mgr Edmond Bennetat, né à Troyes le 20 avril 1713, était parti pour les missions le 21 octobre 1735. Il fut coadjuteur en Cochinchine en 1748, au Tonkin en 1748 et mourut à Port-Louis (Île de France), le 22 mai 1761.