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Il n’était pas besoin pour cela de plus de 20 à 30 soldats : la Compagnie ne voulait absolument pas aller au delà.

« Elle ne veut en aucune façon, disait-elle, d’alliance offensive ni défensive ni avec le légitime souverain ni avec l’usurpateur. Ils peuvent vider leurs querelles sans que nous nous en mêlions et sans que nous fournissions dorénavant aucune espèce de secours ni à l’un ni à l’autre.

S’ils jugent à propos de rappeler les Anglais, de quel droit vous opposeriez-vous à la volonté des maîtres du pays ? Les Anglais auront leur loge comme nous aurons la nôtre et il serait bien plus avantageux là, comme par toute l’Inde, que les nations européennes eussent des ordres positifs de leurs souverains respectifs de s’aider réciproquement et de ne jamais entrer dans des discussions que peuvent avoir entre eux les différents princes de l’Asie.

Voilà ce que nous pensons, Monsieur, sur l’établissement au Pégou et nous désapprouvons tout ce que vous pourrez faire de contraire à ces dispositions. »

Dupleix n’eut ni le temps ni les moyens de passer outre à ces instructions, mais il ne fut nullement satisfait de la réponse de la Compagnie.

« On veut toujours s’en tenir dans les bornes étroites où l’on s’est tenu pendant 90 ans, écrivait-il à Montaran le 9 novembre 1753. L’habitude a trop d’empire chez nous ou plutôt l’émulation manque totalement par un défaut de connaissance ou d’étendue de vue qu’il n’est guère possible d’insinuer chez nos commerçants qui sont toujours disposés à se réunir contre ceux qui veulent les retirer d’un état trop borné. »

Et, puisque c’était la crainte d’entrer en conflit avec les Anglais qui paraissait retenir la Compagnie, il proposait aussitôt un autre endroit, plus au sud, où l’on trouverait un port et toutes les denrées, bois et effets de commerce de même qu’au Pégou.