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temps l’objet de contestations entre les Birmans et les gens du Pégou. Les nations européennes s’étaient toujours efforcées de ne pas prendre parti dans ces conflits où elles risquaient de tout perdre. Les sympathies françaises étaient toutefois plutôt acquises aux Pégouans, chez qui nous étions installés. Sous le coup d’une menace plus directe des Birmans, le roi du Pégou sollicita instamment notre concours. Dupleix jugea l’occasion favorable pour intervenir dans les affaires du pays et s’emparer de la rivière de Syriam ; il promit au roi des secours en hommes et en munitions. En même temps il envoya un vieux routier de la navigation de l’Inde, le sieur Bruno, pour examiner les forces du pays et se rendre compte du meilleur parti à prendre. Bruno fut reçu (28 juillet 1751) par le roi qui, après avoir pris connaissance des propositions de Dupleix, lui fit boire dans une coupe d’or un breuvage mêlé d’eau et de la cendre d’une petite formule écrite sur du papier jaune qui fut brûlé dans l’instant. C’était, paraît-il, un moyen de s’assurer de la sincérité des promesses. Sans prendre aucun engagement pour l’avenir, Bruno conclut qu’avec 5 ou 600 Français bien commandés, on pouvait s’emparer de Syriam et se rendre maître de la rivière.

Mise au courant de ces projets par lettres de Dupleix des 30 janvier et 3 octobre 1750, 10 juin et 15 octobre 1751 et enfin 19 février 1752, la Compagnie répondit le 2 janvier 1753. Elle n’approuvait en aucune façon que nous nous rendions de force ou de bon gré maîtres exclusifs du commerce ni qu’on entrât dans le pays, simplement parce qu’il était ouvert au premier qui s’y présenterait ou parce que l’usurpateur n’y avait aucun droit. Le terrain qui nous avait été concédé était suffisant pour la commodité d’une loge ou la construction des vaisseaux.