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Marates soit contre les Anglais, ne fut nullement du goût de la Compagnie qui, par lettre du 2 janvier 1753, recommanda expressément à Dupleix de se borner à vivre dans la plus grande amitié avec les Portugais et se rendre réciproquement tous les bons offices de deux nations amies et alliées, sans courir les risques de guerres qui pourraient leur devenir particulières.

Mêmes recommandations de prudence et de réserve pour Surate, où les Anglais cherchaient à prendre une influence exclusive, comme ils la prirent effectivement quelques années plus tard. Ainsi qu’on le verra au chapitre des affaires du Décan, Dupleix avait tout calculé et tout prévu avec Bussy pour les prévenir dans cette course à la suprématie.

Enfin, nous éloignant de la côte, nous arrivons aux Maldives, groupe innombrable de petites îles, presque au raz de l’eau et où il se faisait un commerce considérable de cauris ou coquillages de mer. Ce commerce était libre pour toutes les nations ; cependant, au temps de Dupleix, nous y prîmes une part plus importante que les autres, grâce à l’initiative et à l’esprit de suite d’un capitaine de vaisseau nommé Le Termiller, qui se rendait tous les ans dans les îles et y faisait des achats importants. Son crédit devint tel qu’on prit l’habitude de laisser des matelots puis des soldats pour préparer les opérations de l’année suivante, que ces soldats furent placés sous l’autorité d’un sergent et qu’ainsi nous ne tardâmes pas à établir en fait une sorte de protectorat sur le groupe d’îles tout entier. Dupleix favorisait Le Termiller autant qu’il le pouvait et le considérait un peu comme son représentant officiel et celui de la Compagnie.

Ces îles, habituellement gouvernées par un roi, étaient pour le moment privées de leur chef. À la suite d’une