Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/454

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce fut le rétablissement du statu quo, et une tranquillité d’un jour régna encore une fois dans ce coin merveilleux de la côte Malabar, où tout sauf son ambition semble prédisposer l’homme à une gracieuse indolence et un éternel bonheur.

Les questions soulevées par l’humeur inquiète de Bayanor étaient réglées ; Cheriquel était satisfait ou paraissait l’être et nos contestations avec le Canara étaient comme par un accord tacite indéfiniment ajournées, en nous laissant tous nos avantages. Louet avait déployé une grande patience et beaucoup d’habileté en évitant soigneusement de se prêter à une politique de grande envergure qui l’eut sans doute brouillé avec tout le monde et cependant il était parvenu, sans autres sacrifices que l’argent, à donner à la Compagnie de France non pas un empire mais un nouveau domaine, un peu plus grand que celui de Mahé, où elle put éventuellement doubler son trafic et acheter du poivre, toujours plus de poivre, but suprême de ses ambitions. Dupleix, de son côté, n’avait pas songé à faire du Malabar un nouveau Carnatic, où la gloire du nom français se fut étendue avec ses armes ; là il avait préféré le caducée de Mercure à la lance de Mars et la balance du commerce au laurier des victoires.

*

Si de Mahé ou de Nelisseram nous remontons jusqu’au golfe de Cambay e, nous arrivons à Goa, où nous voyons que Dupleix songea à conclure avec le vice-roi un traité en vertu duquel il se serait engagé à rétablir les Portugais à Saint-Thomé et à tâcher de leur faire restituer Basseïn. Ce projet qui ne pouvait s’exécuter que par la voie des armes et nous entraîner dans une guerre soit contre les