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Pendant l’inaction qui suivit cette affaire et qui dura plusieurs mois, Cheriquel eut deux entrevues avec Bayanor les 18 et 27 novembre, malgré les conseils de Louet qui l’avertit que ces entrevues pouvaient réveiller la méfiance des Nambiars. Ceux-ci vinrent en effet à Mahé demander que nous nous portions garants que Bayanor ne les inquiéterait plus. Par prudence, Louet se refusa à prendre cet engagement : il comptait que la fatigue et les frais désarmeraient les combattants.

Ce fut en effet ce qui se passa, mais seulement dans le courant de l’année suivante (1754). Louet profita de cet accalmie pour régler enfin avec Cheriquel les diverses questions résultant de Ramataly, d’Aycanne et de Cavoye et des prétentions de ce prince sinon à une indemnité formelle du moins à un présent. Par traité conclu le 4 mars 1754, Cheriquel ajoutait aux cessions déjà consenties celle de la forteresse d’Ettoucoulam, abandonnait les droits qu’il s’était réservés à Ramataly et à Cavoye et recevait un présent de 20.000 rs. plus une sorte de tribut annuel de 2.000 fanons.

La paix entre Bayanor et les Nambiars suivit de près. Ceux-ci, profitant de l’inaction sans doute obligée du prince, furent assez habiles pour se ménager des intelligences parmi les Maures de Bargaret et le 29 mai 1754 ceux-ci leur ouvraient eux-mêmes les portes du pays. Cheriquel, dont les sympathies étaient décidément acquises à son beau-frère, demanda pour lui l’appui des Français. Louet persista dans ses refus ; plus que jamais il escomptait l’affaiblissement mutuel des combattants par l’excès même des dépenses. Il ne se trompait pas : au bout de quelque temps, les belligérants abandonnèrent réciproquement les postes dont ils s’étaient emparés et conclurent la paix. Il n’y eut ni vainqueurs ni vaincus :