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Mécontent qu’on lui eut adressé à ce sujet des réclamations, il défendit qu’on nous apportât des vivres à Mahé et demanda à ses voisins et amis d’en faire autant. Dupleix en concluait que ce prince n’avait pas assez senti les coups qu’on lui avait portés en 1742 et qu’il méritait que la Compagnie lui en portât d’autres, Louet était du même avis ; avec 300 Européens qu’on amènerait à Mahé d’octobre à mai, on en viendrait aisément à bout, sans nuire au commerce. Mais, avant d’entreprendre cette troisième guerre de Mahé, Dupleix jugea qu’il fallait attendre que tout fût terminé avec le Canara.

Les affaires se précipitèrent dans le courant de l’été (1753). Depuis près de trois ans, Bayanor ne cessait de nous importuner pour que nous l’aidions à aller faire la guerre aux quatre nambiars, qui avoisinaient ses états de l’autre côté de la rivière de Mahé. Leur pays, l’Iruvelinad, était considéré comme le magasin général de tous les poivres de ces contrées et en fournissait également aux Anglais et aux Français, sans privilège exclusif. Par souci de la neutralité, nous lui refusâmes notre concours. Par pure satisfaction d’amour-propre, Bayanor résolut alors de changer son titre de prince contre celui de roi (mars 1750). Cette prétention déplut à ses voisins, qui se coalisèrent pour l’obliger à renoncer à un titre qu’ils considéraient comme une usurpation formelle. Invité à se joindre à eux, Louet resta neutre encore une fois et son attitude fut approuvée par le Conseil supérieur. Les Anglais par contre se joignirent aux ennemis de Bayanor : les quatre Nambiars, Coguinair et Cotiatte. Cheriquel, beau-frère de Bayanor, dont il avait épousé la sœur, se refusa à épouser leur cause et ce fut même un des motifs qui déterminèrent les Anglais à lui faire la