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ferme, sans toutefois l’exiger. Il nous dit alors qu’aux cessions déjà faites il pourrait ajouter le mont Dely au bord de la mer. Dupleix eut préféré que la question du présent fut résolue dans l’accord lui-même ; on s’en fut tiré à meilleur compte, Chéri quel avait besoin de nous contre les Anglais. Maintenant que la paix était faite, il fallait, quoiqu’avec modération, en passer par ses désirs. Cheriquel nous demandait 25.000 rs. pour les concessions elles-mêmes, plus 4.000 rs. payables tous les ans. Le Comité secret de Pondichéry, qui depuis le commencement des affaires de Nelisseram avait été tenu au courant de tout ce qui se passait, fut d’avis d’accepter ces propositions (3 juillet 1753). Louet allait répondre à Cheriquel d’une façon conforme, lorsque, comme dans un conte indien, l’attention fut attirée d’un autre côté. Des incidents assez graves venaient d’éclater avec Bayanor et Louet craignit que Cheriquel n’en profitât pour augmenter ses prétentions.

Bayanor n’est, comme on le sait, qu’un titre donné au prince de Badiagara ou Bargaret. Ce prince n’était qu’un enfant, lorsque les deux montagnes de Mahé nous furent cédées par le traité de 1742. À sa majorité, il ne voulut jamais en reconnaître expressément la validité, comme il ne voulut rien entendre aux multiples propositions que nous lui fîmes pour terminer l’affaire des limites. Nos intérêts commerciaux lui étaient aussi indifférents ; il s’embarrassait peu que la Compagnie eut des fonds entre les mains de ses marchands, s’ils ne la payaient pas. Bien loin de nous réserver le monopole des poivres, comme il y était obligé, il en facilitait la sortie au profit des étrangers, quelque représentation qu’on lui fît. On l’avait vu en novembre 1752, lorsqu’il en fournit aux Danois qui étaient venus en chercher à Calicut.