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qui s’ajoutait à nos établissements de la côte Malabar.

Lorsqu’en 1756, Colle, successeur de Louet, fit l’inventaire de ce que l’établissement avait coûté, il trouva le chiffre extraordinairement élevé de 200.000 pagodes, soit près de deux millions. À ce prix il estimait qu’on eut mieux fait de ne pas l’acquérir. Il pensait toutefois qu’il convenait de le conserver, d’abord parce que le Canara ne nous rembourserait jamais cette somme, ensuite parce que notre départ nous couvrirait de honte et aurait pour résultat de rejeter Cheriquel entre les bras des Anglais.

Aussi bien le pays n’était-il pas sans valeur. Le sol était fertile. Lorsque les terres actuellement en friche auraient été mises en valeur, les droits sur le nelly et les palmeraies monteraient à 25.000 rs., ce qui représentait à peu près la moitié des dépenses de l’établissement, — lesquelles étaient évaluées 60.000. En y attirant des habitants, on pouvait planter des cocotiers et dans 25 ou 30 ans, les droits rapporteraient 200.000 rs. ; il y avait du terrain pour planter plus de 500.000 pieds de cocotiers. Le nord était propice à la culture du poivre, que l’on pouvait se procurer à meilleur compte qu’à Mahé. Le cardamome, au lieu de passer par le pays de Cotiatte pour entrer dans les terres de Bayanor et du Samorin, irait directement à Nelisseram.

Quant au commerce du dehors, l’occupation de l’anse du mont Dely nous créait une situation toute particulière. C’était là que venaient se cacher les pirates qui tombaient à l’improviste sur les navires venant du nord ou du sud ; ces pirates n’auraient plus maintenant d’autres ressources que de se mettre à l’abri de la pointe de Cannanore, d’où ils seraient toujours découverts d’un côté ou de l’autre. La sécurité ainsi assurée, il serait possible de détourner et d’arrêter au mont Dely les navires de Mascate et de