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Malgré ces précautions pour hâter la conclusion de la paix, celle-ci fut lente à venir. Le roi de Canara resta en fait avec nous dans l’inaction la plus complète. Ces lenteurs donnèrent à penser à un prince de Colastry, du nom d’Ambou Tamban, qu’il pouvait recommencer les hostilités et au mois de février 1753, il s’empara de la forteresse de Quirour, qui appartenait au Canara. Il était vraisemblablement de connivence avec Cheriquel lui-même, avec le roi de Nelisseram et avec les principaux du pays et ceux-ci avaient sans doute l’espérance d’être appuyés de notre part ; mais ils se trompèrent tous ; quelques raisons qu’ils nous alléguèrent, nous refusâmes de leur fournir le moindre secours.

Il y avait lieu de présumer que notre attitude dut engager le Canara à faire amitié avec la Compagnie ; il ne se donna cependant aucun mouvement pour y parvenir et un an après la suspension d’armes, on en était encore au même point.

C’était du moins la tranquillité assurée. Dupleix, dans une lettre à Montaran du 9 novembre 1753, lui dit que cette tranquillité n’était due qu’à la réputation que lui-même avait acquise à la nation. D’un autre côté il entretenait à la côte malabar un prince du nom de Chitri Dourgam Barhane qui tenait en échec le roi de Canara du côté des terres. Ce prince qui ne voulait que notre amitié empêchait le roi de porter ses vues de notre côté.

Appréciant dans cette même lettre la valeur de nos nouvelles acquisitions, Dupleix estimait qu’elles n’avaient d’autre utilité que d’empêcher les Anglais d’en être eux-mêmes les maîtres ; si la Compagnie n’augmentait pas ses fonds pour la côte malabar, elles ne seraient d’aucune utilité. Elle lui destinait chaque année 4 à 500.000 rs. ; il faudrait au moins dix lacks (B. N. 9151, p. 69).