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de 60.000 rs., et leur désistement de toute juridiction sur les naturels du pays dans les dépendances de leur compagnie. Cheriquel aurait des douaniers au bord de la mer à Tellichéry pour y percevoir les droits qui lui appartenaient. Les Anglais de leur côté demeuraient maîtres et paisibles possesseurs de tous leurs établissements répandus dans Colastry. Nous gardions Ramataly et l’embouchure sud de la rivière de Nelisseram. Toutefois le règlement définitif de cette cession n’eut lieu que beaucoup plus tard, ainsi qu’on le verra plus loin.

Pendant tout ce temps la guerre s’était poursuivie avec le Canara. Guerre de petits événements et de faibles conséquences. Les belligérants gagnaient et reperdaient tour à tour le même terrain. Les ennemis avaient sur nous l’avantage des positions ; ils s’étaient installés dans des endroits fort commodes d’où ils pouvaient battre la forteresse de Nelisseram. Selon une recommandation de Dupleix, nous restions plutôt sur la défensive. Un jour, cependant, à la fin de 1751, nos troupes firent une sortie qui eut un grand succès, le Canara abandonna son camp et se retira jusqu’à Pongoye, qui est à deux lieues au nord de Nelisseram ; mais le lendemain (13 décembre), il revint en force et sur 75 blancs que nous mîmes en action, il nous en tua 54, dont les deux officiers qui les commandaient. C’était un désastre ; au lieu d’en profiter et de venir escalader le fort de Nelisseram, dans lequel étaient enfermés Baldie avec 18 soldats et 100 noirs, l’ennemi préféra aller faire les réjouissances à Pongoye. Louet eut le temps d’envoyer des renforts qui rétablirent la situation compromise et les hostilités continuèrent, sans grande ardeur de part et d’autre.

En avril et en mai 1752, l’armée du Canara fit tout ce qu’elle put pour pénétrer dans le pays de Nelisseram.