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fonction, ils enlevèrent le vieux qu’ils emmenèrent prisonnier à Tellichéry. Louet fournit à Cheriquel des secours avec lesquels il put enlever aux Anglais trois postes et 12 pièces de canon. Un succès aussi facile jeta l’alarme à Tellichéry et, comme les Anglais n’ont point d’amour-propre avec les faibles, ils recoururent à la médiation du roi de Cotiatte, resté neutre. Une suspension d’armes fut décidée ; elle fut de courte durée. Les Anglais avaient décidé le Canara à ne pas accepter nos propositions de paix et nous nous trouvâmes fort embarrassés pour soutenir Cheriquel autant que nous l’aurions désiré. La guerre reprit donc aussi contre ce prince et tout ce coin de la côte malabar se trouva momentanément en feu. On doit admirer qu’étant obligés tout à la fois de veiller sur Mahé et de garder nos nouveaux établissements, nous fûmes en état de parer à tous les événements ; mais aussi il faut se rendre compte qu’à l’exception de celles du Canara, toutes les forces en présence comptaient pour peu de chose. Ce sont vraiment des guerres lilliputiennes que nous racontons. Ni l’honneur ni de grands intérêts n’étaient en jeu.

Dupleix, qui suivait de loin les opérations, ne les jugeait pas cependant indignes de son attention. Ne convenait-il pas d’user de tous les moyens pour créer des embarras à l’Angleterre ? Le 21 décembre (1751), il prescrivit à Louet de tout mettre en œuvre pour empêcher Cheriquel de faire la paix avec les Anglais, et de ne rien négliger pour entretenir contre eux l’animosité du prince.

En exécution de ces instructions, Louet mit à la disposition de Cheriquel 60 ou 100.000 rs. (les deux chiffres se trouvent en deux documents différents). Grâce à ce subside, Cheriquel put tenir la campagne pendant une année : la guerre ne se termina qu’en août 1752. La paix se fit moyennant le paiement aux Anglais d’une somme