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qu’un pour conférer avec Louet, mais les Anglais le détournèrent de sa route et l’amenèrent à Tellichéry, dans l’espoir que pendant ce temps le Canara reprendrait Nelisseram, avant que nous ayons pu nous y fortifier.

Il était en effet fort aisé de laisser les cartes se brouiller, de façon à rendre la paix impossible. Pendant que Louet et les gens du Canara échangeaient cette correspondance plutôt pacifique, Du Passage, se fiant à ses promesses, envoyait à Nelisseram une tonne ou petite embarcation côtière, qui avait ordre de remonter la rivière et de remonter jusqu’à Matlaye, qui était encore sous la dépendance du Canara. Lorsqu’elle fut près de cette place, les gens du roi tirèrent dessus, puis tombant sur nos gens en tuèrent six à coups de sabre. Quinze jours auparavant, les gens de la même place avaient arrêté deux de nos cipayes porteurs de lettres pour Mangalore et Goa, les avaient battus et avaient ouvert les lettres. Le gouverneur avait, il est vrai, fait châtier ceux qui avaient commis cette insolence, mais le second attentat, plus grave, restait sans sanctions. Louet, qui faisait à ce moment des propositions de paix au Canara, ne crut pas devoir demander expressément raison de cette insulte ; car il manquait encore d’orientation et il ne voulait pas traiter le Canara en ennemi avant d’avoir fortifié ses positions. C’est seulement le 25 septembre qu’il demanda au roi de venger l’assassinat des gens de la Compagnie ; encore ne lui envoya-t-il pas d’ultimatum.

La position de Louet était assez délicate. La menace des Anglais d’user de la voie des armes contre Cheriquel n’avait pas été un vain mot. Après l’avoir proférée, voyant qu’elle ne produisait aucun effet, ils se mirent en campagne. Ils prirent Cheliapatam et, à défaut du roi en