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piter ses opérations, malgré la saison des pluies, qui commencent à tomber à verse à cette époque de l’année. Dès le 18 juin, il fit partir Du Passage avec 23 hommes, tant blancs que noirs et le fit suivre bientôt après de quatre escouades qui portèrent ses effectifs à 192 hommes, dont 61 blancs, 21 topas et 110 tives ou soldats du pays.

Du Passage avait comme instructions de s’emparer du côté sud de la rivière de Nelisseram et de la forteresse de Matlaye, et de se retirer, s’il trouvait les lieux occupés par les Anglais. Il ne devait pas attaquer le premier le roi de Canara, mais tâcher d’avoir avec lui des conférences et lui persuader que si la Compagnie occupait Nelisseram, c’était pour prévenir les Marates. Du Passage était porteur de deux lettres identiques pour le gouverneur de Mangalore (16 et 18 juillet). Il ne trouva fort heureusement aucun ennemi sur sa route et vers le 20 juillet il arriva sur les bords de la fameuse rivière et y arbora notre pavillon.

Cependant la diplomatie ne restait pas inactive. L’accord du 12 juin n’avait été conclu qu’avec Nelisseram. Louet chercha à l’étendre à Cheriquel, en lui demandant de nous céder la forteresse de Ramataly au sud de la rivière et le paiement des frais de la guerre si, comme il était vraisemblable, Nelisseram était dans l’impossibilité de les couvrir. Cheriquel consentit à ces propositions et tout un nouveau territoire fut acquis à la France.

Les Anglais n’en furent que plus pressants pour contrecarrer nos projets. Ils écrivirent au second roi de Nelisseram pour lui demander de s’opposer à notre établissement ; ils écrivirent aussi à Cheriquel pour lui rappeler que par des traités avec la Compagnie d’Angleterre, celle-ci seule avait pouvoir de le protéger contre ses ennemis, tandis que lui-même n’avait aucune qualité pour dis-