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visite au roi, celui-ci n’était tenu à aucune dépense.

Enfin le roi ne devait pas s’opposer à la christianisation de ses sujets ; cette christianisation devait toutefois rester entièrement libre et volontaire (Art. 16).

Malgré le secret dont elles avaient été entourées, ces négociations n’avaient pas échappé aux Anglais. Dès le 23 mai, Doville, chef de Tellichéry, écrivit à Cheriquel qu’il avait ouï dire que Nelisseram avait l’intention de donner une forteresse aux Français et qu’un de nos détachements devait passer par ses états pour en prendre possession. Il l’invitait à s’y opposer, le menaçant dans le cas contraire de l’éternelle hostilité de l’Angleterre.

Il y avait déjà longtemps que Cheriquel et les Anglais ne s’entendaient pas. En 1728, Cheriquel leur avait proposé une union étroite contre Ali Raja ; ils l’avaient refusée. De désespoir, Cheriquel s’était entendu avec le Canara. Très récemment il avait chassé les Anglais de Baliapatam, avait abattu le bancassal qu’ils y avaient établi et démoli une église que leur interprète y avait bâtie. Moins que jamais il était disposé à céder à leurs menaces. Louet, informé de ce qui se passait, plaça auprès de lui un seigneur indigène pour l’entretenir dans son hostilité contre les Anglais. Le 16 juin, quatre jours après la signature du traité avec Nelisseram, cet indigène écrivit à Mahé que, d’après des bruits, les Anglais de Tellichéry, pour traverser les desseins des Français, se proposaient de s’emparer de la rivière de Nelisseram et de s’y fortifier. Loin de prendre peur, Cheriquel céda presque aussitôt le sud de la rivière à son allié qui s’empressa de nous le rétrocéder. Ainsi nous nous trouvions virtuellement les maîtres des deux rives du fleuve.

Il restait à en prendre possession. L’intention des Anglais de nous barrer la route détermina Louet à préci-