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offre aussi gracieuse ; en l’acceptant, il craignait des complications éventuelles avec le Canara mais surtout avec les Anglais, qui ne pourraient plus s’étendre vers le nord, comme tel était leur dessein ; en le refusant, il s’interdisait la possibilité de pénétrer jamais dans un pays d’où l’on pouvait tirer du riz, 2 à 3.000 candils de poivre, des bois de construction, de l’araque et beaucoup plus de sandal qu’à Mahé. Il se contenta de faire au roi quelques menus présents et lui dit qu’il attendrait une réponse de France pour donner suite à ses propositions.

Le roi mourut le mois suivant (janvier 1751). Son successeur, plus mal disposé encore contre le Canara, essaya de lui reprendre la forteresse de Matlaye : il fit appel à Chériquel. Le Canara résolut de les mettre tous deux à la raison : le mauvais temps l’en empêcha.

Dans cette occurrence, l’un et l’autre n’ayant pas trouvé du côté de la France l’appui qu’ils comptaient se retournèrent du côté du chef marate Soucourapant, un de ces pirates qui infestaient la côte et rendaient parfois la vie fort dure, même aux Européens. Soucourapant promit 10 embarcations et 7 à 800 hommes, à condition que le Nelisseram lui céderait une forteresse ; toutefois il ne pouvait prêter son concours avant le mois d’octobre suivant. Ce long délai non moins que la crainte de voir les Marates prendre pied dans le pays, déterminèrent Cheriquel et Nelisseram à faire de nouvelles propositions à Louet. Étant tombés d’accord pour nous céder l’embouchure de la rivière, sans compter d’autres avantages, ils lui demandèrent en échange de leur fournir 50 soldats et de la poudre et des balles qu’ils s’offraient à payer. Si Louet refusait, il ne leur restait qu’à accepter les propositions des Marates ou à se livrer entièrement au Canara.