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dais avaient une loge. Le Canara allait-il absorber tous les petits états, qui se partageaient la côte jusqu’au royaume du Samorin ?

Le danger parut assez grand pour que les Anglais et les Hollandais, plus menacés que nous-mêmes, s’entendissent pour chasser l’envahisseur de Cannanore ; mais dans sa retraite le Canara mit garnison à Matlaye, qui est un des villages du Nelisseram. Ceci ce passait en 1736.

Selon l’usage le chef canarais laissé dans le pays pressura les habitants. Fatigué de ces vexations, mais impuissant à rejeter l’ennemi de ses terres, le roi de Nelisseram proposa à celui de Canara de lui payer un tribut annuel. Le Canara accepta ; le gouverneur de Matlaye fut rappelé et pendant quelques années, le roi de Nelisseram paya régulièrement le tribut convenu.

Pour quel motif le gouverneur fut-il réinstallé ? Nous l’ignorons ; nous savons seulement qu’avec son retour les vexations recommencèrent. On arrive ainsi à l’année 1750. La gloire de Dupleix a déjà commencé à se répandre dans l’Inde et avec lui la protection française paraît une délivrance pour les princes opprimés. Le roi de Nelisseram regarde du côté de Mahé et au mois de décembre il propose à Louet un endroit convenable pour y construire une forteresse et un bazar. Il veut même nous donner en propriété l’embouchure de la rivière ; mais elle lui est commune avec Cheriquel. Il nous promet d’essayer de le décider à nous céder sa part ; s’il n’y parvient pas, il détournera le cours d’eau dans son propre pays, « afin qu’en restant seul propriétaire de son embouchure, il put en disposer comme il le jugerait à propos ».

On ne pouvait témoigner plus de bonne volonté. Louet ne crut pas devoir accepter non plus que refuser une