Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans d’autres sentiments. L’avenir ne lui paraissait plus aussi sombre :

« Le dalavay, écrivait le P. Costas le 5 août, est un homme qui paraît avoir autant de duplicité que son frère a de la droiture : il y a grande différence de l’un à l’autre. Celui-ci est droit, parle peu et avec bon sens ; l’autre est un grand harangueur ; beaucoup de compliments, de déclarations, de respect, d’amitié, beaucoup d’emphase asiatique et puis c’est tout. »

Le P. Costas ne put rien terminer d’une façon précise ; il ne rapporta aucuns fonds. Il ne semble pas cependant que sa mission ait été tout à fait vaine. Lorsque, malade et désabusé, il quitta Seringapatam au bout de douze jours, le dalavay lui dit dans une dernière entrevue que nous pouvions compter sur son amitié et qu’il se rendait caution de tous les traités que son frère avait passés avec nous. On levait à ce moment dans le pays l’argent nécessaire pour couvrir nos dépenses et un premier envoi était prêt lorsque le Père Costas partit.

Rien n’était donc irrémédiablement compromis du côté du Maïssour non plus que du côté de Morarao en cette fin de juillet 1754, qui mit aussi un terme aux rêves de domination de Dupleix. Les Anglais n’étaient nullement acculés à une capitulation prochaine de Trichinopoly, ainsi que Dupleix se plaisait à le dire, mais ils ne pouvaient non plus compter nous vaincre en rase campagne. Sans être un homme de génie, Mainville avait quelques qualités du vrai chef et depuis huit mois il balançait heureusement la fortune : il avait fait oublier les revers subis par ses prédécesseurs. Lorsque nos renforts seraient arrivés de France, on pouvait espérer qu’il redresserait complètement la situation.

Après la rupture de la digue de Coilhady, il s’était avancé assez loin dans le Tanjore et menaçait la capitale.