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l’entreprise, qu’il nous remboursât au moins nos avances, sinon Dupleix serait obligé de rappeler ses troupes et de les envoyer dans le nord où nous avions des intérêts plus importants.

Le dalavay répondit qu’il était exact que Nandi Raja avait manqué d’argent, mais c’était la faute à Balagirao, premier ministre des Marates, à qui il avait fallu tout donner pour empêcher l’invasion du pays. Le dalavay ne contestait pas d’ailleurs les avances que nous avions faites[1], mais quand il avait traité avec nous, il croyait que l’affaire ne durerait pas trois mois et elle se prolongeait depuis plus de quatorze. Il n’en ferait pas moins le possible pour nous satisfaire, car il n’entendait nullement abandonner la partie : il était disposé à poursuivre Mahamet Ali et les Anglais jusqu’à ce qu’on vint à bout de Trichinopoly.

Ces déclarations, si formelles fussent-elles, manquaient cependant de vigueur ; le possible n’est pas le réel, et le P. Costas, interprétant sans doute les sentiments de Dupleix, fit valoir que si celui-ci n’obtenait pas satisfaction, il serait obligé de retirer ses troupes, qu’alors Trichinopoly resterait définitivement aux Anglais et que, maîtres de cette place, il fallait s’attendre à ce qu’ils s’emparent de toute la partie sud du pays jusqu’au Canara, tandis que Morarao occuperait Bangalore et les villes voisines. Ce serait la fin du Maïssour.

Ces considérations parurent faire quelque impression sur le dalavay ; mais quand la nuit fut passée, il était déjà

  1. D’après les comptes remis par Dupleix à Godeheu au mois de septembre suivant, Nandi R. aurait dû nous avoir payé au 1er août 1754 3.275.000 liv. ; il ne nous en avait versé que 1.333.000, dont 300.000 remises en deux fois à Morarao les 8 mars et 13 mai ; il nous redevait donc 1.942.000 rs. (A. C. C2 84. p. 61-62).