Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

allié ! Ni ses troupes ni son argent ne nous servaient à rien ; on ne les trouvait jamais au moment opportun. À la fin, Dupleix prit le parti de s’adresser au dalavay lui même, comme au dispensateur souverain de tous les fonds. Celui-ci promit 200.000 pagodes pour commencer. La somme était trop importante pour que Dupleix ne désirât pas la confirmation d’une aussi heureuse nouvelle par un témoignage digne de foi, et, comme il avait peu de confiance dans les vaquils, même les plus sûrs, il envoya le P. Costas[1] à Seringapatam pour s’entendre directement avec le dalavay, dont le titre équivalait à celui de premier ministre.

Le Père mit quatorze jours au lieu de huit pour se rendre à la capitale. Dupleix attendait avec une nervosité légitime le résultat de sa mission ; elle fut ce qu’on en devait attendre, vague, indécise et flottante. Le Père ne fut reçu en audience que le 12 juillet, six jours après son arrivée. Conformément à ses instructions, il exposa que Dupleix se plaignait que son alliance avec le Maïssour fut la cause de sa ruine. Lorsque l’an dernier, au mois de mai, nous avions envoyé des troupes à Trichinopoly, c’était uniquement dans l’intérêt de ce pays ; le nôtre était de marcher sur Arcate dont les revenus nous auraient dédommagés de tous les frais de la guerre. Pour être restés fidèles à la parole donnée, nous avions perdu 50 laks. Il était légitime qu’on nous en tint compte. Nous ne faisions la guerre que pour mettre le Maïssour en possession de Trichinopoly ; à lui donc incombaient tous les frais. S’il renonçait à

  1. Le P. Louis Costas, de la province d’Aquitaine, était né à Agen le 20 février 1710. Admis au noviciat le 4 novembre 1728, il partit pour l’Inde en 1739. En 1743 il était à Panchpaguiri, au sud de Vellore. Il mourut à Pondichéry le 4 janvier 1784.