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Morarao tout en lui faisant comprendre qu’il restait libre d’agir comme il l’entendrait.

S’il faut en croire Lawrence (Mémoires, t. I. p. 164), Morarao était alors en pourparlers avec Mahamet Ali pour passer à son service moyennant trois laks de roupies. Le nabab les demanda au roi de Tanjore, qui en prêta tout de suite une partie. Morarao tint toutefois à mettre Nandi Raja au courant de ces tractations, comme pour provoquer une surenchère et celui-ci lui aurait donné une somme assez importante, qui était moins une avance qu’un à compte sur l’arriéré de ses dettes. Morarao, par une duplicité fort commune dans l’Inde, n’en aurait pas moins conclu son accord avec Mahamet Ali[1].

Dupleix connut ces négociations, mais pas d’une façon suffisamment précise pour perdre tout espoir de retenir Morarao. Le 23 juillet, il considérait encore comme peu vraisemblable qu’il passât au service de nos ennemis. Si cependant cette éventualité se réalisait, Mainville devait essayer de retirer des troupes marates le plus de monde qu’il pourrait et les prendre à notre service.

Huit jours plus tard, il appartenait à Godeheu de débrouiller une situation aussi compliquée.


Par suite de la défection à peu près consommée de Morarao, Nandi Raja restait notre seul allié ; mais quel

  1. D’après des comptes de Dupleix, Morarao aurait dû toucher de nous depuis le 22 décembre 1752, date de son accord avec Dupleix jusqu’au 22 juin 1754, 2.250.000 rs., sur quoi il lui avait été effectivement payé 1.939.000 rs., dont 300.000 fournies directement par Nandi Raja. Il lui restait dû par conséquent 361.000 rs. S’il abandonnait notre parti, Dupleix estimait qu’il fallait défalquer cette somme de notre compte, attendu qu’elle représentait des avances faites à Pondichéry en décembre 1752. (Lettre à Mainville du 18 juillet).