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par un détour et si, dans l’endroit même où s’était livré le combat, nous restâmes maîtres du terrain, ce fut le seul avantage de la journée.

Mainville se résolut alors à des actes plus décisifs, tout à la fois contre le Tondaman et le Tanjore, dont la complaisance sinon le concours effectif favorisait à chaque instant les ravitaillements de l’ennemi. Dès le 15 mai, il partit pour le Tondaman avec ses européens, Andrenek[1] et 2000 cavaliers de Morarao. Il ne rencontra ni bêtes ni gens ; les habitants avaient emmené leurs troupeaux et s’étaient eux-mêmes sauvés au loin. Aussi dut-il se borner à brûler quelques villages et, après avoir poussé jusqu’à Pudducotta, il revint sur ses pas au bout de trois jours. Ce fut pour se tourner presque aussitôt contre le Tanjore. Il y avait assez longtemps qu’on le menaçait sans jamais agir ; le dernier appui donné aux Anglais avait enfin ouvert les yeux de Dupleix. « Nos lenteurs ou plutôt nos bontés pour ce raja ont été la cause de tous nos malheurs », écrivait-il le 28 mai.

Mainville s’empara aisément de Killicottah, d’où il menaçait de très près Coilhady et la digue du Cavery. Morarao, résolu enfin à nous donner son concours, sortit de sa réserve et se précipita avec sa cavalerie dans le Tanjore qu’il commença à ravager ; Govindrao, qu’on lui opposa au lieu de Manogy en disgrâce, fut taillé en pièces avec ses troupes et laissa aux Marates un butin qui les indemnisait largement de leurs pertes du mois de janvier.

Peu de jours après, Mainville prenait Coilhady. En

  1. En fait, Andrenek ne participa pas à cette expédition ; il perdit sa mère dès le début, et selon la coutume des Indiens, il se retira avec ses troupes pour observer dans le silence et dans la retraite un deuil rigoureux.