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pas plus de 2000 sous les armes. Et quels hommes ! Des figurants de théâtre plutôt que des soldats. Mais, même à ce titre, ils jouaient encore un rôle utile ; sans eux on aurait eu l’impression du vide ou de l’isolement.

Quant à Mahamet Ali, si désireux que fut Dupleix d’arriver avec lui à une entente en lui garantissant un établissement dans le Décan, il se rendait compte que rien ne serait possible tant qu’il resterait sous le joug des Anglais et il n’y avait nulle apparence qu’il put s’y soustraire. En réalité, lorsqu’il jetait les yeux autour de lui, Dupleix ne voyait qu’un homme qui put l’assister, Andrenek, le futur Haïder Ali. Mais Andrenek, encore confondu dans l’armée maïssourienne, pouvait être fort utile dans un coup de main : il n’avait ni qualité ni autorité pour déterminer ni modifier l’ensemble d’une coopération militaire.

On atteignit ainsi la date du 11 mai, où Dupleix apprit par voie d’Alep et de Bassora que Godeheu était envoyé en mission pour s’aboucher avec lui et prendre un parti sur les affaires de l’Inde. Il en fut plutôt satisfait. Godeheu « est un bon français et qui pense juste » écrivait-il le 12 mai à Durocher, commandant à Chilambaram. Il considéra qu’il venait pour appuyer ses projets plutôt que pour les contrarier ; dix-huit ans de fidèle amitié ne lui répondaient-ils pas de l’avenir ? Aussi ne fit-il rien pour modifier sa politique et il laissa se développer et courir les événements, sans chercher à leur imprimer une direction plus hâtive ou plus précipitée. Il ne songea pas que, Godeheu étant envoyé par le Ministère et la Compagnie, il risquait de se trouver en présence, non plus d’un ami, mais d’un homme revêtu d’une consigne et que, la prudence était de tout terminer, soit par une attaque brusquée soit par une paix précipitée.