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même des soldats, afin de les empêcher de nous tromper dans l’occasion. Vous stipulerez que Mahamet Ali ne pourra jouir de la même liberté et qu’il vous sera remis comme prisonnier de guerre avec sûreté pour sa vie. »

Rien cependant, au moment où Dupleix écrivait ces lignes, n’autorisait une pareille confiance dans le succès. Trichinopoly tenait toujours avec la même fermeté, et l’on a vu ce qu’il fallait penser du concours de Nandi Raja et de Morarao.

Nandi Raja ne fut point arrêté, suivant une boutade plutôt qu’une menace effective de Dupleix ; mais on plaça auprès de lui un officier français comme pour lui faire honneur, en réalité pour l’empêcher de fuir. L’interprète dont se servait Mainville et qui le trahissait fut remplacé par un missionnaire, le P. Costas. Ce père acquit la certitude que si Nandi Raja n’était pas lui-même en coquetterie avec Mahamet Ali, il n’en était pas de même de son divan. Ainsi renseigné, Dupleix fit savoir au raja que s’il faisait la paix avec le nabab sans son assentiment, on le traiterait en ennemi et il serait gardé comme prisonnier. « C’est le cas où nous met cet imbécile… Que de fourberie dans la tête de tous ces gens-là et que l’on est malheureux d’être lié avec de sales gens. » (Lettre du 23 avril à Mainville).

Rien à espérer non plus de Morarao. Il ne se souciait nullement que Trichinopoly succombât ; c’eut été pour lui la fin des subsides. Aussi préférait-il faire traîner les choses en longueur et rester dans l’inaction. À la fin, Mainville dut lui faire sentir au nom de Dupleix qu’à la rigueur on pourrait se passer de son concours, et que s’il ne nous suivait pas, on serait délié à son égard de tout engagement. Dupleix ne lui pardonnait pas de nous faire payer près de 5000 cavaliers, alors qu’il n’en avait