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que les saocars donnassent des lettres de change. Autant de paroles inutiles ; Dupleix n’était pas plus décidé à se dessaisir de Trichinopoly que le Maïssour n’était désireux de verser d’avance la moindre contribution. Le 29 mars, Dupleix recommandait à Mainville de ne pas rendre Trichinopoly avant que toute l’artillerie ne nous fût remise. Dans les premiers jours d’avril, la défiance mutuelle fit de nouveaux progrès. Sur le bruit que Nandi Raja voulait se retirer dans son pays sans nous avoir payé, Dupleix songeait à le faire arrêter, comme un simple débiteur en faillite, et il comptait sur Morarao non moins que sur Mainville pour s’opposer à son départ.

Tout est singulier et contradictoire dans la période que nous traversons. Comme des voyageurs égarés la nuit dans une forêt, chacun cherche sa voie, et les fourrés épais succèdent aux éclaircies. Dupleix exalte ou rabaisse successivement ses alliés suivant les convenances du moment ; il n’est qu’aux Anglais qu’il voue des sentiments invariablement hostiles, mais parfois peu clairvoyants. Comment par exemple put-il supposer un moment que, fatigués de nos attaques, ils finiraient par capituler ? C’est pourtant ce qu’il écrivit à Mainville le 10 avril et il lui recommanda, en cette éventualité, de ne pas se prêter à d’autre capitulation que celle qu’ils nous avaient eux-mêmes imposée à Sriringam, à moins qu’ils ne s’engageassent à évacuer toutes les places qu’ils tenaient dans la province d’Arcate.

« Alors, en demandant pour otages de leurs promesses les sieur Lawrence et deux autres principaux officiers, vous leur promettriez de se rendre dans leur colonie avec leurs armes, mais sur le pied de prisonniers de guerre jusqu’à l’échange de la paix. Vous prendrez alors le nom de tous les officiers et