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fiance effective : Dupleix parle aux officiers de leurs qualités, comme s’ils en avaient de réelles, pour flatter leur amour-propre et leur donner le désir de les justifier.

Ce fut une des étranges fatalités de la carrière de cet homme de ne pas trouver pour le Carnatic le chef qui eût déterminé le succès. Bussy réussit parce qu’il tirait de lui-même toutes les vertus qui assurent la victoire ; il ne se révéla au Carnatic aucun officier à qui Dupleix pût les communiquer. Ni d’Auteuil, son beau-frère, ni Law, ni Brenier, ni Astruc, ni Maissin, ni même Mainville, qui se succédèrent au siège de Trichinopoly, ne furent des hommes doués de l’intuition qui fait les véritables chefs. C’est pourquoi Dupleix devait entrer avec eux dans une infinité de détails dont la lecture est aujourd’hui déconcertante. Il leur écrivait tous les jours et souvent deux ou trois fois par jour, parfois même la nuit ; il les suivait pas à pas dans leurs mouvements qu’il redressait ou rectifiait autant que sa connaissance des lieux le lui permettait.

Nous donnons en note quelques-unes de ces lettres ou leurs extraits qui témoignent du souci de Dupleix de ne rien livrer au hasard et nous sommes confondus qu’il ait pu trouver le temps d’entrer dans tant de détails ; car toutes ses instructions portent sa marque personnelle ; elles varient suivant les circonstances, mais elles ne se contredisent jamais[1].

Malgré leur précision et peut-être même à cause de

  1. « Vous donnez avec trop de facilité dans les rapports que l’on vous fait. Comment diable voulez-vous qu’Antoine ait d’autres chevaux que ceux qui appartiennent à la Compagnie ? Celle-ci en a 19 dont vous avez 15 et un qui est mort ; reste trois pour l’usage de cette place [Chilambaram ou Trivady ? ]. Il faut que j’entre dans bien des détails. J’ai ordonné que l’on vous envoie 400 coups de trois. » (D. à Maissin, 31 mars 1753, B. N. 9156, p. 127).

    « J’ai donné ordre que l’on envoyât un autre affût de 24. Mais vous aurez pour agréable de renvoyer celui qui est pourri ; ces affûts