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l’Inde. Il m’en coûtera ma dernière chemise. Si l’on faisait quelque réflexion sur mes efforts, je crois que l’on serait moins disposé à me chagriner et à m’écrire comme vous l’avez fait dans votre lettre du 18. Je ne donne rien au particulier ; je le sacrifie pour le général : cette façon de penser me fait avaler bien des couleuvres, mais je ne jette point le manche après la cognée et je ne demanderai point mon rappel tandis que je croirai pouvoir être utile à ma patrie. »

En dépit de ces derniers mots, on sent comme une lassitude de Dupleix à lutter contre toute espérance. Qu’il fut victorieux ou vaincu, c’était toujours la même pente à gravir, une pente qui ne finissait pas. Le but reculait sans cesse comme dans un mirage. La paix seule pouvait mettre un terme à ce calvaire, mais était-elle encore possible ? Elle venait d’échouer à Sadras par la faute de nos ennemis escomptant notre fatigue ; le roi de Tanjore, véritable arbitre de la situation, penchait peut-être de notre côté, mais Palk, l’agent anglais résidant auprès de lui, opposait ses intrigues aux nôtres et si elles étaient plus rudes, elles étaient aussi plus convaincantes. En fait, par crainte de prendre un parti également plein de menaces, le roi ne se décidait à rien.

Le hasard voulut qu’à ce moment Lawrence fit directement à Nandi Raja des ouvertures, comme pour rétablir la paix sous la pression des alliés des deux nations. Dupleix ne crut pas qu’on dût laisser passer une occasion, si faible fut-elle, de raccommoder les affaires ; seulement il y apporta l’intransigeance qui le caractérisait. Dans la réponse qu’il suggéra à Nandi Raja et qu’il pria celui-ci de transmettre à Lawrence, il reprit les mêmes conditions qu’à Sadras :

rembourser aux Anglais sur les revenus de la province d’Arcate les sommes qui pouvaient leur être dues,