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un plus grand effort et Lawrence fit partir de Killahcottah, à douze milles environ de Trichinopoly, un convoi considérable escorté de 180 européens et 800 cipayes. Mainville en fut informé par des espions et disposa aussitôt la majeure partie de ses troupes, sous le commandement de Morarao, dans un terrain broussailleux, qui précédait le village de Coutapara, un peu au-dessous d’Elmisseram. L’ennemi, à qui le mouvement avait échappé, s’engagea avec confiance dans ce fouillis de verdure : les charrettes et les bêtes de somme marchant à la file entre deux rangs de soldats. Il atteignit ainsi et dépassa même le point principal où Morarao avait assemblé ses troupes. Ce fut le moment choisi pour l’attaque ; à un signal donné, tous nos hommes, sortant des fourrés, tombèrent sur les Anglais, qui succombèrent en un instant, presque sans défense. On leur fit 134 européens prisonniers, dont 100 blessés ; tous les autres, soit quarante-six, furent tués. La compagnie de grenadiers fut taillée en pièces. Sur huit officiers, quatre furent tués et trois blessés ; le huitième se sauva[1]. On lui prit 4 pièces de canon et 7000 livres. D’après Lawrence, nous aurions attaqué les Anglais avec 80 Français et 6000 cipayes, sans compter les Marates et les Maïssouriens qui arrivèrent à la fin de l’action pour partager le butin.

C’était un réel succès ; il n’eut aucun résultat appréciable. Dupleix espéra vainement qu’il serait suivi de la

  1. Dupleix donna l’ordre à Mainville de renvoyer les officiers, mais après leur avoir fait signer un engagement de ne plus servir contre nous, analogue à celui que les Anglais exigeaient de nos officiers. Il recommanda toutefois de garder en prison le commandant et un lieutenant jusqu’à ce que deux de nos officiers, Pascaud et Le Maintier, qui étaient détenus dans les mêmes conditions à Arcate depuis quinze mois, fussent élargis. Quant aux soldats, il les fit venir à Pondichéry, attachés deux à deux dans la journée pour éviter toute fuite.