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le délai fixé sans provoquer la moindre rupture. Les pourparlers continuèrent. Pour obtenir le concours de Prapat Sing, Dupleix était allé jusqu’à lui offrir Coilhadi, qui commande tout le système des irrigations du Tanjore. Le raja demanda en outre qu’on lui rendit un certain nombre d’aldées de Karikal et invoquait à ce sujet une lettre de Mme Dupleix. Une enquête rapide permit d’établir que cette lettre n’avait jamais été écrite, et l’incident tourna à la confusion des ministres du raja, plus ou moins complices de la manœuvre. Aussi Dupleix était-il décidé, si l’affaire se terminait par un accommodement, à reprendre Coilhadi sur un prétexte quelconque.

Les récoltes finies, il fallut bien se rendre à l’évidence. À moins d’y être contraint par la force ou déterminé par la peur, le Tanjore ne se rangerait jamais de notre côté. Tout au plus pouvait-on compter qu’il resterait neutre entre les belligérants. Dans cette vague espérance, Dupleix ne se résolut pas encore (début de mars 1754) à remplacer les vaquils et les négociateurs par un général et des soldats.


Cependant, depuis la rupture des conférences de Sadras, les hostilités avaient repris autour de Trichinopoly. La grande affaire pour les Anglais était toujours de ravitailler la place, comme la nôtre était de s’y opposer. Dans un pays épuisé par quatre ans de guerre presque ininterrompue, il était devenu nécessaire d’aller chercher les vivres toujours plus loin et c’est ainsi que le Tanjore avait été amené à jouer dans la guerre un rôle important ; c’était de là surtout que nos ennemis tiraient du riz, du bois et du bétail. Pendant les conférences de Sadras, de petits convois mal surveillés passèrent assez facilement, mais dans le courant de février, il fallut faire