Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dupleix caressait de si belles espérances. Il estimait, non sans raison, que si les Anglais avaient paru si peu disposés à conclure la paix, c’était parce qu’ils comptaient sur le Tanjore pour les soutenir en leurs nouvelles opérations ; aussi attachait-il le plus grand prix à s’entendre au plus vite avec le souverain de ce pays ; sans soutien étranger, les Anglais n’étaient plus des ennemis inquiétants. « Prenez cependant avec le roi les plus justes précautions, recommandait-il à Mainville le 3 février, toute cette race est bien trompeuse. »

Le 3, la conférence avait échoué, mais les négociateurs étaient encore à Sadras. « Les députés anglais, écrivait Dupleix, ne disent aux nôtres que des injures. Une bonne étrille les rendrait plus polis. Ne négligez rien pour leur tirer le roi de Tanjore. »

Pour faciliter un accommodement, Dupleix eut l’idée de lui faire remise du billet de 70 laks jadis consenti à Chanda S., à condition toutefois qu’il nous donnât cinq laks comptant et qu’il abandonnât l’alliance de Mahamet Ali. Dupleix s’imaginait que cette remise presque totale de sa dette tirerait au roi une grosse épine du pied (Lettre à Mainville du 10 février).

Prapat Sing lui répondit en termes aimables et continua de nous traîner en longueur. Dupleix soupçonna que tous ces retards pouvaient bien n’avoir d’autre but que de permettre au Tanjore de terminer ses récoltes, qui se font d’ordinaire en février. Aussi prescrivit-il à Mainville de fixer un délai très court pour la conclusion de l’accord.

Mais il n’entrait pas encore dans les desseins de Dupleix de précipiter les événements. Il comprenait qu’en reprenant les hostilités sans l’appui du Tanjore, il se privait de beaucoup de chances de succès. Aussi laissa-t-il passer